De la Génération Y- Appel à l’auto-génocide.

 

Nous sommes une génération dénuée de tout intérêt, de toute matrice, de tout traumatisme. Nous n’avons jamais cru aux idéaux, ni en Dieu, ni au rock &roll , mais n’avons pas non plus le cynisme décomplexé du baby-boomers ou l’ ivresse nonchalante du 68 ard.

Nous n’avons pas connu la Guerre, même pas froide , et pourtant nous avons peur de tout: des nuages radioactifs  , des pandémies , du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, des attentats, des pervers sexuels , de la dette, des calories, du tabac, des yaourts périmés et de l’Iran.

Nous n’avons eu à nous battre pour rien.

Nos mères sont libérées, nos pères émasculés. Nous ne serons ni l’un ni l’autre, androgynes assumés au genre fluctuant.

Nos parents ont tout sacrifié pour leurs carrières. Nous sacrifierons tout pour nos loisirs.

Nous sommes les premiers à n’être plus les premiers en rien.

Nos idoles sont Marck Zuckerberg, Steve Jobs ou les grotesques Anonymous :  des impuissants , des geeks, des ratés canonisés par la myopie boutonneuse d’une société adolescente.

Nous sommes nés dedans. Dans le réseau gluant , la muqueuse insipide, la gigantesque toile mutante du cauchemar globalisé . Obligés de compatir à tous les tremblements de terre, de détester tous les dictateurs, de mourir dans 50 ans assassinés par les ondes cancéreuses d’un Smartphone hors de prix.

On aurait pu nous appeler génération LOL, génération COOL, génération WEB , HYPE, GEEK ou SWAG, ou tout autre mot à moins de quatre lettres qui constitue notre seul langage. Un truc qui swingue, et marque un peu les esprits.

Mais non, on nous a affublé (ou plutôt nous nous sommes autobaptisés parce qu’on est des autodidactes et qu’on aime faire le buzz avec des néologismes creux qui plaisent à Libé) de l’ignoble Y.

Plus de père, rien que des pairs. Adieu Eglise famille patrie,  bonjour le peer to peer.

Y, la lettre-gibet, le i de la dette  , du marasme , absurde lettre qui n’achève ni ne débute rien, ne renvoie à aucun signifié.

La génération d’avant, la génération X, avait au moins pour elle le coup des anonymes, le X, un peu trash , un peu radioscopique , un peu occulte et disco, un peu croix de St André .

Le Y. Le Y. Il parait que ce serait à cause des écouteurs qui font un Y sur le torse.

O ignominie, o décrépitude morale ,  infâme symbole de la nouvelle religion festive, signe d’appartenance à la secte des joyeux ambulants .

Les ÉCOUTEURS.

 Cordes de pendus pour zombies apathiques, laisses pour caniches lobotomisés à l’electro, parures de plastique pour néo-barbares.

  Objet mythique et universel chez tous les membres de l’ignoble progéniture, gadget commun aux hipsters ratés, aux jeunes cadres dynamiques, à la racaille bronzée, à la jeunesse dorée , aux cagoles, , aux bolosses,  aux bellatres aux jeunes pop et aux mèlenchonistes,

Pauvres ouailles du grand Why,  litanie païenne, que nous psalmodions devant nos écrans- idoles aussi muettes que Dieu face aux larmes de Job- nous voulons comprendre un monde mutant qui nous déborde.

Alors Nous défaisons la nuit ce que nous avions tissé la veille, sur la toile infinie, Pénélope  sans Ulysse, sans idéal à attendre et atteindre.

Nous vomissons notre intimité et lavons notre linge sale dans la grande famille virtuelle du livre des visages.

Notre rêve le plus fou: apaiser à jamais ce désir de connexion absolue, être, immédiatement , avec tous et partout en réseau.

Gazouiller des millions de tweets à la seconde, pour que pas une de nos pensées n’échappe à la Transparence

Avoir nous- même une tête de smiley aux humeurs infinies.

Devenir flux, écran, tactiles, fluorescents,

 Etre un simple nœud du filet 0.2

Un maillon de la grande chaine fraternelle,

Un anneau du grand ver solitaire numérique  .

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